Dans la Ghouta orientale, "il n'y aura jamais de pardon" pour Bachar al-Assad
En Syrie, direction la Ghouta orientale, au sud-est de la capitale Damas. Ce quartier est devenu tristement célèbre sous le pouvoir de Bachar al-Assad, théâtre de combats entre rebelles et armée dès 2011, puis victime du gaz sarin en 2018 – une attaque qui avait été planifiée par le pouvoir – avant d'être totalement vidé de sa population. Nos reporters ont rencontré des habitants revenus sur place. Ils témoignent des supplices endurés.

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"Il n'y aura jamais de pardon, si quelqu’un pardonne moi je ne pardonnerai pas." Ayham el Zaw a 22 ans. Sa jeunesse a été engloutie par 13 ans de guerre et ses souvenirs ne sont plus que des ruines amères. "Toute cette zone a été détruite pendant le siège de la Ghouta orientale en 2015-2016 puis en 2018", explique le jeune homme.
Quelque 250 000 Syriens vivaient ici, à Joubar. Aujourd'hui, il n'y a plus âme qui vive dans cette banlieue fantomatique, dévastée. La Ghouta orientale fut parmi les premières à se soulever contre le régime de Bachar al-Assad. Ce dernier l'a, en retour, assiégée, bombardée, affamée pendant cinq longues années.
Les combattants rebelles ont fini par capituler et évacuer la Ghouta orientale, mais le calvaire pour les civils n a pas pris fin pour autant. Des dizaines de milliers d'entre eux ont été détenus et ont disparu, dont le père d'Ayham.
"Il n'y a pas une maison où ils n'ont pas tué une ou deux personnes, il n’y a pas une famille où il n'y a pas eu un détenu", dit-il. "Aucune famille n'a été épargnée par ce régime. Des gens ont perdu un enfant, deux, trois, des pères, des mères, des jeunes qui sont morts sous la torture ou à cause des armes chimiques".

"Ils m'ont brûlé le cœur en tuant ma mère, mon père et mes frères"
Le quartier de Zamelka, de l'autre côté du pont, a subi le même sort et la même désolation. Ici aussi, la guerre a connu ses heures les plus sombres, une nuit du 21 août 2013 : des bombardements au gaz sarin.
Samar Nakchabandi témoigne : "Le missile chimique est tombé ici, en plein milieu du terrain, et ma famille a reçu tout le gaz. Ils ne comprenaient pas, certains sont montés sur les toits, on les a retrouvés morts, d'autres sont descendus en bas et s'étouffaient... Ils ne savaient plus quoi faire."
Cette habitante de la Ghouta orientale a perdu six membres de sa famille : "Ils m'ont brûlé le cœur en tuant ma mère, mon père et mes frères." Et elle reprend après un silence : "Que dieu se venge de toi Bachar… qu'il t'humilie le plus possible."
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Ici, comme dans toute la Syrie, on veut se projeter vers l’avenir, mais pas oublier. La victoire n’a pas effacé les souffrances, et il faudra du temps pour que les suppliciés de la Ghouta orientale puissent se relever.