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Nommé aux Outre-mer, le retour inopiné de Manuel Valls dans la politique française

France

Six ans après son retrait de la vie politique française, l'ancien socialiste Manuel Valls effectue un retour inattendu sur la scène nationale. Nommé ministre des Outre-mer par François Bayrou, il hérite d’un portefeuille sous tension.

Le nouveau ministre français de l'Outre-mer Manuel Valls lors de la cérémonie de passation de pouvoirs, le 24 décembre 2024.
Le nouveau ministre français de l'Outre-mer Manuel Valls lors de la cérémonie de passation de pouvoirs, le 24 décembre 2024. © AFP, Stéphane de Sakutin

Manuel Valls reprend du service. Quasi-absent de la vie politique française depuis six ans, l'homme politique et ancien Premier ministre effectue un retour surprise, après l'échec de son implantation en Espagne.

François Bayrou l'a nommé lundi 23 décembre au ministère des Outre-mer, où il va devoir gérer les crises touchant Mayotte, les Antilles ou la Nouvelle-Calédonie.

"Ils peuvent compter sur moi et sur ma présence. J'irai partout très vite", a promis dès mardi matin l'ancien socialiste, qui se qualifie comme un amateur de "défis" et de "prises de risque". Il a aussi assuré qu'il irait "avec le Premier ministre le plus vite possible" à Mayotte.

Confronté aux attentats de 2015 en tant que Premier ministre, Manuel Valls, qui aura le titre de ministre d'État, va être confronté aux conséquences dévastatrices de l'ouragan Chido à Mayotte, aux suites des graves émeutes qui ont éclaté en mai en Nouvelle-Calédonie et à la question de la vie chère dans les départements antillais.

Honni par une partie de la gauche pour ses prises de position jugées trop droitières et ses multiples trahisons, il revient ainsi de plain-pied dans la vie politique nationale.

"Manuel Valls est une personnalité un peu kamikaze, j'aime bien les personnalités audacieuses", a commenté sur BFMTV François Bayrou lundi soir, exprimant son "estime" pour un ministre qui va se charger d'"une des questions les plus lourdes", la situation des outre-mer.

Un glissement vers la droite

Après avoir été ministre de l'Intérieur, de 2012 à 2014, puis Premier ministre de 2014 à 2016, sous François Hollande, le Catalan de 62 ans n'avait pas réussi à passer l'étape de la primaire PS en vue de l'élection présidentielle de 2017. 

Et plutôt que de parrainer le vainqueur Benoît Hamon, l'ancien poids lourd du parti socialiste avait décidé d'apporter son soutien à Emmanuel Macron, ce qui lui avait aliéné une grande partie de ses soutiens et lui avait valu des accusations de traîtrise.

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Autre trahison selon ses opposants, celle des électeurs de l'Essonne, en Île-de-France, qui l'ont élu d'un cheveu député en juin 2017, pour le voir finalement quitter l'Assemblée nationale en 2018 afin de se lancer dans la conquête, en vain, de la mairie de Barcelone.

Il ne considère d'ailleurs pas cette tentative ratée de conquérir cette grande mairie espagnole comme un échec puisqu'il dit y avoir "rencontré l'amour". "La vie, ce sont des réussites et surtout des échecs. C'est ça la beauté de la vie", explique aujourd'hui l'ancien poids lourd socialiste.

Père de quatre enfants, nés d'un premier mariage, Manuel Valls s'est remarié en Espagne avec Susana Gallardo, une très riche héritière d'une société pharmaceutique catalane.

Perdant aux législatives de 2022

En Espagne aussi, l'homme politique a suscité la polémique. Né dans la capitale catalane le 13 août 1962, Manuel Valls a grandi à Paris et a été naturalisé français à l'âge de vingt ans. 

Après trois ans au poste de conseiller municipal de Barcelone, il quitte ses fonctions une nouvelle fois et envoie des signaux laissant entendre un éventuel retour en politique en France, ce qui lui a valu une chanson parodique par une chaîne de télévision catalane. 

En 2022, il concrétise cette tentative de retour en briguant le mandat de député de la cinquième circonscription des Français de l'étranger. Et non dans l'Essonne, où il avait pourtant été élu à quatre reprises, car cela "n'avait pas de sens. J'avais passé la main", déclarait-il pour se justifier.

Le sort des urnes ne lui a pas été plus favorable : Manuel Valls a été éliminé dès le premier tour, mais n'a pas manqué d'appeler à faire barrage au deuxième tour contre le candidat de l'alliance de gauche, la Nupes.

Une personnalité clivante

Manuel Valls s'est lancé tout jeune en politique auprès du socialiste Michel Rocard. Son expérience aux côtés de l'ancien Premier ministre (1988-1990), considéré comme un des pacificateurs de la Nouvelle-Calédonie avec les accords de Matignon de 1988, pourrait lui être utile pour déminer la situation sur le "Caillou".

Une expérience qu'il revendique, disant vouloir s'inscrire "dans le sillage de Michel Rocard" et de "Lionel Jospin".

Questionné sur son parcours et ses prises de positions politiques, Manuel Valls estime d'ailleurs ne représenter "ni l'aile gauche, ni l'aile droite" au sein du gouvernement de François Bayrou. 

Son soudain retour au pouvoir en France est perçu par certains comme une provocation vis-à-vis de la gauche socialiste, qui a refusé de participer au gouvernement de François Bayrou.

Manuel Valls, qui revendique le droit à "pouvoir changer d'avis", est une personnalité clivante qui cristallise les tensions. Mardi matin sur France inter, il est pris à partie en direct par un auditeur pour sa toute première matinale en tant que ministre.

La sécurité et la laïcité, ses thèmes de prédilection

Sous la présidence de François Hollande, l'ancien maire d'Evry s'est illustré pour avoir fait de "la sécurité, la laïcité, le vivre-ensemble" ses thèmes de prédilection.

En 2007, il voulait même changer le nom du Parti socialiste. Au sein du gouvernement de gauche, il fustige la "gauche passéiste", lance un "j'aime l'entreprise" devant le patronat ou approuve l'interdiction du "burkini" par des maires de droite.

Défenseur de la déchéance de nationalité et de la loi Travail, très contestée dans la rue, théoricien des "gauches irréconciliables" et d'un rapprochement des "progressistes" de gauche et de droite, il laisse un souvenir amer au Parti socialiste.

Fils du peintre catalan Xavier Valls et d'une mère suisse italienne, Manuel Valls confiait en 2015 au Parisien avoir jusqu'à 16 ans vécu "pleinement cette triple culture espagnole – et catalane –, italienne et française", parlant catalan chez ses parents. Il avait aussi fait de son "amour de la France" et de son patriotisme une marque de fabrique.

Avec AFP

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