Rassemblement de l'extrême droite à Magdebourg pour dénoncer l'immigration en Allemagne
Le parti d'extrême droite allemand Alternative pour l'Allemagne (AfD) a organisé une manifestation en hommage aux victimes de l'attaque à la voiture bélier à Magdebourg lundi. Des contre-manifestants se sont également rassemblés sur les lieux du drame pour dénoncer la récupération politique de cet événement.

L'extrême droite allemande s'est rassemblée lundi 23 décembre à Magdebourg, trois jours après l'attaque à la voiture bélier sur un marché de Noël de la ville imputée à un médecin saoudien.
Même si les mobiles du suspect restent flous, le carnage qui a fait cinq morts, dont un garçon de 9 ans, et plus de 200 blessés a relancé le débat sur la sécurité et de l'immigration, désormais au cœur de la campagne pour les législatives anticipées du 23 février.
Au même moment lundi, le mouvement "Gib Hass keine Chance" ("Ne donne aucune chance à la haine") s'est rassemblé à proximité.
"Nous constatons avec effroi et colère que des personnes veulent instrumentaliser cet acte cruel pour leur politique", indique le mouvement anti-AfD, qui a appelé à "la tolérance et l'humanité."
"La terreur est arrivée dans notre ville" a déclaré de son côté Jan Wenzel Schmidt, chef de l'AfD du Land de Saxe-Anhalt, devant plusieurs centaines de personnes.
Il a condamné "l'échec politique monstrueux" qui a mené à l'attaque dont le suspect est un réfugié saoudien.
"Nous devons fermer les frontières (...), nous ne pouvons plus accueillir des fous furieux venus de tous les pays", a-t-il ajouté, devant les militants du parti anti-immigration.
Sa formation, hostile aux migrants, antisystème et prorusse, est créditée d'environ 20 % d'intentions de votes dans les sondages, derrière les conservateurs (32 %) et devant le parti de centre gauche d'Olaf Scholz (15 %). Mais aucun parti ne veut coopérer avec l'AfD.
Scholz sous pression
Sous pression, le gouvernement d'Olaf Scholz a promis dimanche une enquête rapide et minutieuse pour clarifier d'éventuelles erreurs des autorités dans la prévention de l'attaque.

L'Arabie saoudite avait demandé à Berlin l'extradition du Saoudien de 50 ans, Taleb Jawad al-Abdulmohsen, après avoir averti à plusieurs reprises qu'il "pourrait être dangereux", a indiqué lundi à l'AFP une source proche du gouvernement à Riyad.
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Installé en Allemagne depuis 2006, ce psychiatre saoudien disposait du statut de réfugié.
Dans ses publications nombreuses sur les réseaux sociaux, il avait exprimé des opinions hostiles à l'islam, sa colère contre les fonctionnaires allemands de l'immigration et son soutien aux récits conspirationnistes d'extrême droite sur une "islamisation" de l'Europe.
Troubles psychiques
D'autres éléments sur cet homme au profil atypique ont filtré lundi dans les médias : selon le journal local "Mitteldeutsche Zeitung", ses collègues doutaient de ses compétences. Le quotidien Die Welt a affirmé qu'il avait été traité pour troubles psychiques.
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L'association allemande de la police criminelle (BDK) a mis en garde lundi contre "des accusations prématurées ou même l'instrumentalisation politique des événements", surtout à un moment où l'état de certaines victimes reste très grave.
Les autorités de la ville sont aussi dans le collimateur, certains leur reprochant une sécurité défaillante. L'auteur présumé avait pu emprunter une voie d'accès non sécurisée du marché de Noël puis a foncé sur la foule à bord d'un puissant véhicule BMW de location.
La municipalité de Magdebourg s'est défendue en expliquant que cette ouverture était réservée aux ambulances ou pompiers en cas d'urgence.
La sécurité des marchés de Noël avait pourtant été considérablement renforcée, notamment par l'installation de bornes en béton à leurs accès, après un acte similaire commis il y a huit ans sur un marché de Noël de Berlin, qui avait fait 13 morts.

L'Allemagne avait également durci sa politique de sécurité cette année, notamment via un contrôle renforcé sur le port d'armes, suite à plusieurs attaques meurtrières au couteau, dont l'une a fait trois morts et huit blessés lors d'un festival d'été à Solingen (ouest).
Avec AFP