Indonésie : Aceh à l'heure de la charia, vingt ans après le tsunami

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Vingt ans après le terrible tsunami qui a frappé l’île de Sumatra, en Indonésie, la province d'Aceh a retrouvé la paix et vit désormais sous le régime de la loi coranique. Reportage de notre correspondante.
Le 26 décembre 2004, il était 8 heures passées de quelques minutes lorsque le monstre d’eau salée a atteint la côte de Banda Aceh. Peu de temps après le séisme de 9,1 sur l’échelle de Richter, enregistré aux larges des côtes indonésiennes, des vagues, hautes d’une trentaine de mètres balaient tout sur leur passage. Bilan : 170 000 morts et une province entière rayée de la carte. Le tsunami de 2004 est la pire catastrophe de l’histoire de l’Indonésie.
Mais sur ce champ de ruines où se côtoient la mort et la désolation, l’arrivée de l’aide humanitaire et les efforts colossaux entrepris pour rebâtir la ville ont des effets inattendus.
Billet retourIndonésie : Banda Aceh, renaître après le tsunami
Alors que depuis près de trente ans, cette province du nord de l’île de Sumatra est en proie à une guerre civile entre des rebelles indépendantistes et le gouvernement central de Jakarta, une équipe de médiation internationale profite de la situation pour se porter au chevet de la région et faciliter des accords de paix.
En août 2005, après des années de lutte qui ont fait plus de 15 000 morts, les deux parties s’entendent à Helsinki sur un cessez-le-feu et une grande autonomie est accordée à Aceh. C’est la victoire de la résilience : la paix devient l’une des retombées politiques du tsunami.
Alcool, homosexualité, adultère sévèrement punis
Vingt ans plus tard, la province s’est définitivement émancipée de la tutelle de Jakarta et les plaies de 2004 ont été pansées même si, par endroit, des carcasses de bateau rappellent, comme des cicatrices indélébiles, que la tragédie ne sera jamais effacée.
Grâce à son haut degré d’autonomie, la province d’Aceh est devenue ce qu’elle avait toujours rêvée d’être : une province sous l’emprise de la charia, où l’homosexualité, l’adultère ou encore la consommation d’alcool sont punis.
Si la loi coranique était déjà en vigueur avant le tsunami, elle est aujourd’hui appliquée de façon beaucoup plus ferme, faisant du territoire une exception en Indonésie. Car dans ce pays où 87% de la population est musulmane, la sphère religieuse est normalement séparée du politique.
Surnommée "le balcon sur La Mecque" pour sa situation géographique qui fait face à l’Arabie Saoudite, Aceh a interprété le tsunami de 2004 comme une "punition divine". Les habitants en veulent pour preuve le fait que seule la mosquée de la ville est restée debout après le passage de la vague meurtrière. De quoi convaincre la province d’appliquer la loi coranique avec force.
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