Attaques terroristes du 7-Octobre par le Hamas : le jour le plus meurtrier de l'histoire d'Israël
Le Hamas a lancé, le 7 octobre 2023, une série d’attaques terroristes sur le territoire israélien. Dès l’aube, l'organisation palestinienne, qualifiée de terroriste par l'Union européenne et les États-Unis, a déjoué la sécurité de l’État hébreu et l’a surpris avec des incursions meurtrières par la terre, les airs et même par la mer. Retour sur une journée sanglante pour Israël au cours de laquelle 1 189 personnes ont été tuées - dont 815 civils - 7 500 blessées et 251 prises en otage.

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6 h 29 : pluie de roquettes sur le sud d'Israël et plusieurs villes
Le soleil se lève à peine sur Israël et sur la bande de Gaza, samedi 7 octobre 2023, lorsque des projectiles envahissent le ciel de l’État hébreu. C’est le début de l'opération de la branche armée du Hamas – baptisée "Déluge d'Al-Aqsa", du nom du troisième lieu sacré de l’Islam situé à Jérusalem. On est aux premiers instants de la journée la plus meurtrière de l'histoire d'Israël. Elle se déroule en plein shabbat, à la fin de la fête annuelle de Souccot, une date qui n'est pas anodine dans la surprise des Israéliens.
Le "Dôme de fer", système de défense aérien chargé de les intercepter depuis 2011, est rapidement saturé par la quantité de projectiles tirés. Le mouvement islamiste Hamas – une organisation qualifiée de terroriste par l'Union européenne et les États-Unis – affirme tirer quelque 5 000 roquettes en 20 minutes, frappant jusqu’à 80 kilomètres en profondeur dans le territoire israélien.

D’Ashkelon, au nord de la bande de Gaza, à Tel Aviv, en passant par Jérusalem ou encore Bersheeva, les sirènes d’alerte résonnent dans plusieurs villes israéliennes et sèment la panique parmi les civils qui rejoignent à la hâte les abris. Beaucoup de roquettes sont interceptées, d’autres touchent terre. Au moins cinq morts sont à déplorer, ainsi que des dégâts matériels dans plusieurs villes notamment aux abords de l’enclave palestinienne.
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Au même moment : des combattants du Hamas franchissent la frontière entre la bande de Gaza et Israël
Des commandos du Hamas entrent en action simultanément. Des centaines de combattants des brigades Ezzedine al-Qassam – la branche armée du mouvement islamiste palestinien – se dirigent vers plusieurs dizaines de points ciblés sur les 59 kilomètres de la barrière qui sépare la bande de Gaza et Israël. "Les combattants du Hamas sont aguerris et connaissaient la topographie des lieux", précisera plus tard notre journaliste Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes.
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Des drones chargés d’explosifs entrent en action, d’abord, pour neutraliser les tours de défense israéliennes surmontées de mitrailleuses à proximité de la barrière. Du matériel militaire positionné juste à proximité de la frontière, dont des véhicules blindés, est aussi ciblé ainsi que des infrastructures de télécommunication, à l’image de ce pylône détruit près du kibboutz Beeri. L’objectif est, alors, d’aveugler rapidement l’armée israélienne.
Des dizaines de brèches sont, ensuite, ouvertes à l’aide d’explosifs déposés à la main. Là où ils ne peuvent pas, des combattants du Hamas tirent des roquettes depuis des postes de combat situés à quelques centaines de mètres de la frontière.
Des commandos se déplaçant en moto ou à bord depick-ups s’infiltrent rapidement, avant que des bulldozers ne viennent élargir les failles dans la clôture. D’autres commandos s’élancent, quant à eux, par la mer (bateaux à moteur) et par les airs (paramoteurs). Des combats s’engagent en plusieurs points de la barrière aussi, notamment au poste-frontière d’Erez dans le nord de la bande de Gaza. Les soldats israéliens sont alors submergés et certains capturés, tandis que des centaines de véhicules en provenance de la bande de Gaza vont emprunter ce point de passage, le 7 octobre, pour poursuivre leur assaut meurtrier.
L’attaque du Hamas est coordonnée, massive et éclair. Quelque 1 200 combattants – 2 900, selon l’État hébreu – sont impliqués ce jour-là. Les commandos ont des objectifs très précis et désignés à l’avance, un “plan de bataille” comme le détaillera plus tard le renseignement israélien. Les cibles sont militaires et civiles, et seront atteintes en moins de 30 minutes pour la plupart.
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Dans les heures suivantes : des bases militaires prises d'assaut...
Ces attaques simultanées mettent en échec l’appareil sécuritaire israélien, laissant les civils et les soldats livrés à leur sort pendant plusieurs heures.
Entre 6 h 30 et 8 h 30, des assaillants prennent pour cible plusieurs bases militaires israéliennes. Ces attaques s’étendent du nord au sud, tout le long de la frontière entre la bande de Gaza et Israël : elles visent les bases militaires d'Erez, de Zikim, de Nahal Oz, de Soufa et de Réïm ainsi que deux autres près de Beeri et de Kerem Shalom. À 10 h, l'armée israélienne reconnaît que des Palestiniens armés sont entrés dans au moins trois sites militaires.
De violents combats ont lieu. Les bases sont attaquées avec des grenades, des lance-roquettes ou encore des armes automatiques, comme le montrent de nombreuses images de propagande du Hamas. Parfois, les soldats israéliens sont surpris pendant leur sommeil.
Au moins une cinquantaine de soldats sont tués à Nahal Oz, dont de nombreuses soldates non armées. La base militaire de Réïm, quartier général de la division de Gaza, est elle aussi submergée. L’armée n’en reprendra le contrôle qu’en fin de journée.
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… et des attaques meurtrières de civils au festival musical Tribe of Nova et dans plusieurs kibboutz
Vers 7 h du matin, de premières images montrent la présence de véhicules et de combattants du Hamas dans les rues de Sderot. Cette localité de 30 000 habitants, située à seulement un kilomètre de l’enclave palestinienne, est prise pour cible par les commandos du Hamas.
Deux camionnettes de combattants du Hamas sèment la mort dans les rues de la ville. Au moins 20 civils sont abattus sur la route du poste de police qui est l’objectif des commandos. Le commissariat est pris d’assaut, une dizaine de policiers tués. L’armée israélienne détruira finalement le bâtiment avec les assaillants à l’intérieur à l’issue de près d’une journée de combats.

Parallèlement, plusieurs kibboutz et moshavs frontaliers de la bande de Gaza sont attaqués : ceux de Yakhini, Beeri, Nirim, Nir Oz, Nir Yitzhak, Netiv HaAsara ou encore de Kfar Aza. Des milliers de personnes, appartenant majoritairement à la gauche israélienne, vivent dans ces enceintes collectivistes, dont la création a été motivée par la mise en commun et la répartition égalitaire des revenus.
Dans le kibboutz de Beeri, le massacre va durer près de sept heures. Le millier d’habitants sur place va vivre ce jour-là la pire attaque menée contre une seule localité. Cette communauté est décimée méthodiquement, maison par maison. Au total, 101 civils perdent la vie ainsi que 31 membres des services de sécurité, et 32 personnes sont prises en otage.
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Le même scénario se produit du côté de Kfar Aza. Quelque 64 habitants ou invités du kibboutz y sont tués et 18 personnes emmenées comme otages. Ici et dans d’autres kibboutz, les civils qui sont parvenus à se réfugier dans un abri sécurisé vont attendre de longues heures avant que les forces de sécurité israélienne n’interviennent. Ces dernières reconnaîtront plusieurs mois plus tard des erreurs pour venir en aide à ces communautés.
C’est au festival de musique Tribe of Nova, qui réunit quelque 3 000 personnes dans le désert occidental du Néguev, qu’a lieu le plus grand massacre de civils. Les organisateurs demandent aux festivaliers de se rassembler au parking et de rentrer chez eux en voiture. L’unique route d’accès est rapidement encombrée.
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C’est à ce moment-là qu’arrivent par les airs et par la route plusieurs commandos armés. Une nouvelle consigne est donnée d’évacuer à pied. Certains tentent de fuir à travers champs. Les assaillants les prennent pour cible indistinctement. Quelque 364 personnes sont massacrées. C’est plus de la moitié des victimes civiles du 7 octobre et plus du quart des victimes totales recensées ce jour-là. À ce lourd bilan humain s’ajoutent 44 personnes prises en otage.
Au total, 251 personnes sont prises en otage – dont 74 au kibboutz Nir Oz – lors de l’attaque du 7 octobre.
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Dès 7 h 30 : les attaques documentées sur les réseaux sociaux et par les photojournalistes
Les attaques coordonnées du Hamas sont rapidement documentées. D’abord sur les réseaux sociaux, où on retrouve la trace de vidéos – probablement filmées par des civils israéliens – de commandos palestiniens présents dans les rues de Sdérot. De premiers témoignages de civils palestiniens émergent aussi sur le réseau Telegram à partir de 8 h, montrant de-ci de-là les brèches dans la barrière qui sépare la bande de Gaza et Israël.
Entre 2 000 et 3 000 Palestiniens au total – commandos du Hamas, membres des autres factions palestiniennes et civils – vont traverser la frontière ce matin-là.
Certains vont s'aventurer un peu plus loin sur le territoire israélien. Sur une vidéo, on retrouve notamment la trace de civils palestiniens présents dans la matinée au kibboutz Magen, situé à quelques kilomètres de la frontière avec la bande de Gaza. Des scènes de pillages sont filmées après le passage du Hamas.
Par ailleurs, plusieurs photojournalistes présents sur le terrain vont rapidement témoigner de la situation sur place le 7 octobre au matin. Mohammed Fayq Abu Mostafa documente pour Reuters une incursion de civils palestiniens à la frontière, Yousef Masoud en fait de même pour Associated Press, qui affirme aussi avoir travaillé avec Hassan Eslaiah, Ali Mahmoud et Hatem Ali ce jour-là. Plusieurs d’entre eux seront accusés – à tort – d’avoir été au courant en amont des attaques du Hamas et d’en avoir été, de fait, des complices.

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Vers 9 h : la classe politique israélienne "en guerre" et les premières frappes sur Gaza
Passées les premières heures de sidération, des personnalités politiques israéliennes commencent à commenter les attaques en cours. Premier à s’exprimer peu après 9 h du matin, le ministre de la Défense Yoav Galant déclare notamment : "Le Hamas a commis une grave erreur ce matin : il a déclenché une guerre contre l'État d'Israël".
La réponse sécuritaire d’Israël va être massive. Peu avant 10 h, les premières frappes aériennes de représailles démarrent sur la bande de Gaza. Les trois immeubles de l’emblématique tour Palestine de Gaza-City sont notamment balayés. On assiste là aux prémices d’une longue campagne de destruction des infrastructures gazaouies.
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À 11 h 34, Benjamin Netanyahu s’exprime à son tour. "Ce n'est pas une opération, ce n'est pas une série de combats, c'est une guerre. Ce matin, le Hamas a lancé une attaque surprise meurtrière contre l'État d'Israël et ses citoyens", déclare le Premier ministre israélien dans un message vidéo. Il avertit que le Hamas paiera "un prix sans précédent" et affirme aussi : "Nous sommes en guerre et nous allons gagner".
Durant cette prise de parole, Benjamin Netanyahu annonce aussi "lancer une vaste mobilisation". Dans l'après-midi du 7 octobre, l'armée israélienne va faire appel à 360 000 réservistes pour renforcer son armée de 170 000 soldats.
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Enfin, les autorités israéliennes mettent en place un plan d’évacuation des civils à proximité de la bande de Gaza. Au total, 125 000 Israéliens ont été déplacés. Certains n'ont toujours pas regagné leur foyer à ce jour.
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En fin de matinée : la propagande du Hamas et l'effroi des vidéos
Dans les heures qui suivent les attaques meurtrières, le Hamas va diffuser plusieurs vidéos de propagande pour glorifier ses combattants. Le mouvement islamiste palestinien diffuse notamment des préparatifs datant d'avant le 7-Octobre ou encore des extraits choisis des attaques. Une vidéo met, par exemple, en scène un commando armé à moto attendant le feu vert dans la cour d'une maison, avant de se diriger vers la barrière qui sépare la bande de Gaza d’Israël.
Mais la communication maîtrisée du Hamas va rapidement s'effriter avec la sortie d'autres vidéos rendant nettement compte d'une réalité bien plus hors de contrôle et parfois sauvage ce jour-là. Ces images sont filmées par des civils palestiniens, des caméras embarquées prises sur les corps de combattants du Hamas tués ou encore par des caméras de vidéosurveillance de kibboutz et de bases militaires. Exécutions sommaires de civils, prises d’otages, lancers de grenades dans des maisons, cadavres ramenés dans la bande de Gaza… De nombreuses scènes d'effroi sont documentées ce jour-là, comme en atteste notre reportage Focus.
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Cette journée est aussi marqué par des agressions sexuelles commises par des assaillants. Quelques mois après l’attaque meurtrière du Hamas, l’ONU a confirmé "avoir trouvé des informations 'claires et convaincantes' selon lesquelles des violences sexuelles, notamment des viols, des tortures sexuelles et des traitements cruels, inhumains et dégradants, ont été commis contre des Israéliens".
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Dans l'après-midi : l'armée israélienne commence à reconquérir les zones attaquées
À partir de la mi-journée, les forces de sécurité israéliennes s'emploient à reconquérir 22 localités du sud de l'État hébreu attaquées par les commandos du Hamas. L'armée va notamment reprendre le contrôle de la base militaire de Réïm ou encore du commissariat de Sdérot.
En fin d'après-midi et en soirée, le Hamas va tirer de nouvelles salves de roquettes sur plusieurs villes dont Tel Aviv, Ashkelon ou encore Sdérot. Pendant ce temps, les combats se poursuivent dans le kibboutz Beeri, qui sera finalement libéré 17 heures après l'incursion des commandos du mouvement islamiste palestinien.
À la tombée de la nuit, les recherches se sont poursuivies pour retrouver les assaillants encore présents sur le sol israélien. Il faudra attendre le 10 octobre pour que l'armée israélienne déclare avoir repris le contrôle de tous les territoires attaqués par le Hamas.